Manuel Lauti
Manuel Lauti, « Loin de »
La série « Loin de » est née au bas de ma rue. Ce n’est pas de la curiosité, mais l’envie de capter la fragilité de l’homme par un témoignage au plus juste.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Mon nom est Manuel Lauti, je suis Auteur-photographe et vis actuellement entre Paris et Bruxelles. Je travaille sur commande, principalement dans le domaine du reportage, pour la presse et le portrait. Je mène également des sujets personnels et suis animateur de projets pour ateliers éducatifs en matière de sensibilisation à la photographie.
Comment avez-vous découvert la photographie ?
Avec un premier appareil, un Zénith EM à l’âge de 12 ans et en regardant les rectangles "noir et blanc" du photographe Robert Doisneau. Bien des années plus tard j’aurai une correspondance avec Robert Doisneau.
Avec quel matériel travaillez-vous ? Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Du matériel Nikon, celui dont on entend encore le joli bruit du déclenchement et un 35 mm NiKon. Ce n’est pas l’appareil qui compte, mais le regard. Côté film, c’est de la TRIX , développée en musique pour les élans de baguette dans la cuve.
Pouvez-vous nous dire quelles sont, vos “références” en matière de photographie ?
La photographie de reportage sociale ou humaniste, en lien avec les photographes suivants : Robert Doisneau, Henri-Cartier-Bresson, André Kertész, Jean Gaumy, Jean-louis Courtinat, Michel Vanden Eeckhoudt, Claude Dityvon.
Si vous deviez citer un photographe qui vous inspire particulièrement,
qui serait-il ?
L’engagement, le regard, l’approche sans voyeurisme du photographe Jean-Louis Courtinat me touche. Un souvenir ; Il y a quelques années, en vue de mon premier projet de livre » - Schaerbeek sur la pointe des pieds » -, j’ai rencontré Jean-Louis Courtinat à l’agence Rapho. Il me donna des conseils, des encouragements à persévérer, je suis rentré chez moi gonflé à bloc! Quelques mois après cette belle et mémorable rencontre, le livre est sorti.
Qu’aimez-vous dans la photographie ?
Je perçois mon approche en noir et blanc comme une envie de partager ce questionnement intime du réel, et aussi comme un éternel émerveillement sur ce que les autres ne voient pas ou plus. C’est une démarche toujours en mouvement, une douce alerte, comme pour ne pas perdre ce qui fuit déjà.
Pouvez-vous nous présenter votre série « loin de » ?
Ce travail est né au bas de ma rue ; pourquoi aller si loin ? Ce n’est pas de la curiosité mais l’envie de capter la fragilité de l’homme par un témoignage au plus juste. L’essence même de ma démarche photographique est de marier la lumière et l’humain dans son environnement ; explorer son quotidien, sa mouvance chargée par ses embarras et habitée par ses habitudes me fascinent.
Comment et pourquoi avoir choisi ce travail ? Pouvez-vous nous raconter des anecdotes, nous parler des rencontres ?
J’aime travailler sur la place de l’homme dans la ville, son équilibre fragile et décalé. Capter des atmosphères, les indices d’une attente, le rapport entre soi et nos traces de vie. Envie de raconter la société tout simplement.
Combien de temps vous a t il prit ?
Une écriture que je mène depuis près de deux ans et quelques heures de marche.
Si vous deviez choisir un seul de vos clichés dans cette série, lequel serait-il ? Pourquoi ?
Cet homme, adossé à un une vitre baignée d’une lumière rasante. Il est comme écrasé par le décor, alors qu’une plante tente de s’en dégager… Le corps de cet homme et sa posture deviennent ici une question.
Et la suite ? Préparez vous une autre série ?
Le projet « Loin de » est toujours en cours, des planches-contacts sont encore à visiter, puis d’autres tirages de lecture à trier. L’objectif final est de l’exposer, de l’élargir par la réalisation d’un ouvrage. Parallèlement, il y a la recherche de financements et d’un éditeur. Cela me prend énormément de temps. Ce n’est pas un sujet facile et il me faut trouver les personnes à la fois sérieuses et sensibles à ce thème, qui va à contre-courant de la demande actuelle.
D’autres projets, oui! La thématique en reste toujours l’humain, tant l’idée de rencontrer l’autre est essentielle pour moi.
Je travaille actuellement sur « l’acte de lire » dont une première série de photos déjà partie fut exposée à Bruxelles.
Manuel Lauti, Loin de